Les moines ont fait l’Europe, mais ils ne l’ont pas fait exprès.
Leur aventure est d’abord, sinon exclusivement, une aventure intérieure, dont l’unique mobile est la soif.
La soif d’absolu.
La soif d’un autre monde, de vérité et de beauté, que la liturgie avive, au point d’orienter le regard vers les choses éternelles ; au point de faire du moine un homme tendu de tout son être vers la réalité qui ne passe pas.
Avant d’être des académies de science et des carrefours de la civilisation, les monastères sont des doigts silencieux dressés vers le ciel, le rappel obstiné, intraitable, qu’il existe un autre monde dont celui-ci n’est que l’image, l’annonce et la préfigure.
Dom Gérard Calvet